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262 CHAPITRE IV. — L'ART DANS L'ILIADE

Pour expliquer cet état de la langue homérique, on a supposé récemment que les chants de VIliade avaient été composés d'abord en éolien et traduits plus tard seulement en ionien. Les formes éoliennes subsistantes seraient alors celles qui auraient résisté à cette transposition en raison des difficultés métri- ques '. Le texte de VIliade ne se prête pas à cette hypothèse : car d'abord il renferme des formes éoliennes qui auraient pu, sans inconvénient pour la mesure, être transposées en ionien; et en second lieu, si elle était exacte, il devrait y avoir des diflTé- rences notables, au point de vue du nombre des formes éoliennes, entre les parties anciennes ainsi traduites et les plus récentes qui ne l'auraient pas été; or en fait, cette inégalité n'existe pas. D'ailleurs, si la langue éolienne avait produit dès ces temps anciens une œuvre telle que VIliade^ il serait abso- lument impossible de concevoir pour quelles raisons cette œuvre aurait passé ensuite dans une langue diffcrcntc au lieu de garder sa forme primitive. On ne pourrait s'en rendre compte qu'en supposant une décadence profonde de réolisme entre deux périodes brillanlos, l'une épique, représentée par VIliade cl V Odyssée^ Taulrc lyri(|ue, par Técole lesbienne; il n'y a aucune circonstance historique qui rende cela vraisemblable.

Mais celle supposition n'est pas nécessaire. L'état de la langue de VIliade s'explique sans peine par les origines de la poésie grecque. Celle-ci a pris nais- sance dans la Grèce centrale sous forme d'hymnes, puis clic a grandi dans les villes éoliennes d'Asie Mineure sous forme de chants épiques de peu d'éten-

1. Voyez en tète de VOdyssée de A. Fick les Prolégomènes où est exposée cette curieuse opiuiou.

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