Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/472

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sur des autorités considérables, telles qu’Ératosthène, Aristote, Hérodote, Philochore, etc. *. Il est impossible aujourd’hui de critiquer directement ces témoignages, parce que nous ignorons entièrement sur quel calcul chacun d’eux était fondé. Ce qu’il importe de remarquer, c’est que d’après les idées émises précédemment, la formation des poèmes homériques a dû remplir une assez longue période de temps, et que par conséquent nous ne sommes tenus en aucune façon de choisir une date précise à l’exclusion de toutes les autres : il pourrait se faire à la rigueur qu’elles fussent toutes vraies simultanément. Considérées ensemble, elles déterminent une vaste étendue de temps, qui est bien celle pendant laquelle les poèmes homériques ont dû naître et grandir. Elle commence au douzième siècle avant notre ère, et elle finit avec le huitième ; limites extrêmes que personne sans doute ne sera tenté d’élargir. Mais est-il possible de les restreindre ? C’est là ce que nous avons à examiner.

Et tout d’abord les faits historiques, que nous avons essayé de dégager des légendes dans les pages précédentes, nous permettent déjà de rapprocher la première limite. D’après la chronologie d’Ératosthène, qui pour les grands faits de l'histoire primitive semble la plus solide, Lesbos aurait été occupée par les Eoliens cent trente ans après la prise de Troie, soit en l’an 1053 avant notre ère. L’émigration ionienne d’autre part aurait eu lieu en 1O44 ; la fondation de Kymé en 1033, celle de Smyrne en 1015. Si l’on se rappelle que la poésie homérique se rattache par ses premières origines à ces deux villes,

1. Tous ces témoignages ont été receuillis par Clinton, Fasti hellenici, t. I, p. 145-148.