INTRODUCTION
I
Lorsqu’on veut suivre l’évolution intellectuelle et morale d’un peuple dans l’histoire de sa littérature, il paraît indispensable de déterminer d’abord, aussi exactement que possible, d’où il est parti. Qu’était-il avant même d’avoir une littérature ? Quelles qualités primordiales et distinctives portait-il en lui dans ces temps d’ignorance et de naïveté enfantine, où il préparait de loin, d’une manière inconsciente, ses grandes œuvres futures ? À quel degré de perfection ces qualités étaient-elles parvenues, lorsqu’il s’avisa d’en tirer profit dans ses premières productions poétiques ?
Ces questions se présentent d’elles-mêmes à l’esprit. Mais, en ce qui concerne la Grèce, les documents nous manquent pour les résoudre d’une manière satisfaisante. Avant qu’il y eût une nation hellénique à proprement parler, les éléments ethniques qui devaient un jour la constituer ont eu séparément leur vie propre, puis ils se sont groupés