Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
INTRODUCTION

ou superposés par une série de combinaisons qui restent encore obscures. Les noms mêmes de ces peuples primitifs nous sont mal connus ; et malgré les découvertes quotidiennes de l’archéologie, ce que nous entrevoyons de leur état moral et des caractères de leur civilisation est en somme bien peu de chose. Nous apercevons dans une sorte de pénombre ces races préhelléniques d’Asie-Mineure et des îles, ces Pélasges répandus un peu partout, ces Danaëns et ces Achéens dont le nom se retrouve sur d’anciens monuments égyptiens. Leurs temples, leurs tombeaux, leurs citadelles nous sont restitués partiellement par les recherches incessantes des savants. On rassemble et on étudie les produits plus ou moins grossiers de leur industrie, on scrute ces objets qui étaient pour eux des œuvres d’art, on essaie d’y retrouver quelques indices de leur goût, de leur culture d’esprit, et aussi des influences étrangères qu’ils ont subies. Recherche pleine d’intérêt et de promesses, mais encore peu avancée. L’histoire de la littérature grecque ne sera en possession de son véritable point de départ que le jour où la science pourra enseigner avec certitude dans quel ordre ces races ou ces groupes de tribus se sont succédé et quels ont été les caractères propres de chacune de ces sociétés préhistoriques. Alors on pourra voir naître et grandir le génie grec, on comptera les éléments essentiels dont il se compose, on saura ce qu’il doit à ses origines lointaines, aux influences étrangères, aux mélanges des races, et à sa propre vigueur. C’est ainsi qu’on étudie les peuples modernes ; on doit espérer que la Grèce, dans un avenir prochain, pourra être connue et décrite de la même manière. Quant à présent, l’application de cette méthode serait trop conjecturale.