RÉCITS ET DESCRIPTIONS MYTHIQUES 515
qui les subit, semblable à une captive troyenne en- traînée et maltraitée par des mains brutales :
« Horcos s'élance, dès qu*un jugement injuste est rendu, et il le suit à la piste. On entend à travers le monde les cris de Diké traînée à terre et frappée par les hommes mangeurs de présents qui jugent sans souci du droit. Et elle marche derrière eux en se lamentant, à travers les villes et les cam-
I pagnes, invisible dans un nuage, apportant le châtiment aux hommes qui Tont chassée et qui ont fait des partages in-
I justes*. »
■
{ Dans l'Olympe même, au milieu du rayonnement
I divin qui Tentoure, elle garde encore pour le poète
j quelque chose de cette faiblesse et de cette grâce ;
I assise auprès de son père Zcus, elle rappelle Hé-
I lène auprès de Priam :
u Diké est une vierge, elle est fille de Zeus, et autour d'elle règne une douce et respectueuse vénération parmi les dieux qui habitent l'Olympe. Et lorsqu'un homme l'offense par l'ou- trage du mensonge, aussitôt elle vient s'asseoir auprès de son père, Zeus, fils de Cronos, et elle crie devant lui les pensées des hommes injustes, pour qu'il les châtie'. »
Il est curieux de voir comment cette tendance à traiter les fictions comme des réalités induit parfois le poète à obscurcir, sans s'en apercevoir, le sens primitif des récits mythiques qu'il rapporte. Pandore, dans le mythe de Prométhée, ne pouvait guère être à l'origine que la personnification de la richesse qui attire l'homme et qui le trompe ; c'est là ce qui semble
1. Travaux, 219-224. On a signalé un désaccord dans ces images et on a cru y découvrir la trace d'un mélange de deux morceaux superposés (voyez Lehrs sur ce passage dans ses Quaestiones epicae). Je suis peu frappe de ce désaccord; et en tout cas Tensemble de la description porte si nettement Tempreiute liésiodique que la question de mélange est fort secondaire.
2. Travaux, 256-264.
�� �