Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/592

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

542 CHAPITRE XII. — LA THEOGONIE

relicment*. Puis, pour terminer, le même poète, s'adressant à ses auditeurs ordinaires, princes et chefs de tribus, leur dédiait, en forme d'épilogue, un hommage où les Muses reparaissaient encore comme dans la fiction éclatante du début :

« Voilà ce que chantaient dans la nuit les Muses qui ha- bitent rOlympe, toutes les neuf, filles du grand Zeus, Clio et Euterpe, Thalie et Melpomène, Terpsichore et Erato, Po- lymnie et Uranie, et enfin Calliope. Celle-ci est la plus noble de toutes ; car c'est elle qui s'attache aux rois qu'entoure le respect public. Celui d'entre les rois issus des dieux que les filles du grand Zeus honorent et qu'elles regardent avec faveur à sa naissance, elles lui versent sur la langue une douce rosée, et do sa bouche coulent des paroles douces comme le miel ; tout le peuple a les yeux fixés sur lui, lors- qu'il résoud les procès par des arrêts pleins de justesse; sûr de sa parole, il termine habilement les plus ardentes querelles. Ces Muses allaient alors de l'Hélicon vers l'Olympe et fai- saient retentir avec grâce leur voix immortelle. La terre sombre répétait au loin leurs chants, et sous leur pied un doux bruit rythmé s'élevait, tandis qu'elles se rendaient auprès de leur père. Celui-ci est le dieu qui règne dans le ciel, le maître du tonnerre et de la foudre aux lueurs sinistres, le puissant vainqueur de son père Kronos. Il a distribué aux Immortels leurs honneurs avec équité et mis chacun d'eux à son rang. »

Magnifique morceau final, où la vision gracieuse s'achève dans une image sereine et grandiose, qui résume tout le poème*.

1. Je suppose qu'après le vers 21 commençait la Théogonie pro- prement dite, avec le vers 115 légèrement modifie.

'*T[JLVO'JV o' (Îj; ;:pwTtaxa x_ao; ycvei'... x.t.I.

2. L'œuvre du second acde comprend donc un début et un épi- logue. Le début est formé des 21 premiers vers du poème actuel; répilogue des vers 75-87 et 68-74. C'est Otfried Mùller qui a vu le premier que ces vers 68-74 devaient être un débris d'un épilogue. Je complète cet épilogue en y ajoutant les vers 75-87, grâce aux- quels la fiction du cliant des muses est heureusement rappelée en

�� �