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ANALYSE DU POEME 547

déroulement des générations. Voici celles qui pro- cèdent d'Ouranos et de Gaea : les Titans, les Cyclopes, les Hécatonchires. Ici un épisode, la révolte des Ti- tans contre leur père Ouranos. Quelle en est au juste la portée? Rien ne l'indique; est-ce une révolution céleste à proprement parler, un pouvoir nouveau succédant à un pouvoir ancien? Ainsi l'interprète la mythologie des temps postérieurs ; mais le poète lui-même n'en dit rien. Son Ouranos n'est pas un roi du monde, ni son Cronos un usurpateur. Tout à son œuvre de nomenclature, il a rapporté en passant un vieux mythe nécessaire, et sans l'expliquer davan- tage, il continue sa route. Avec les lignées de Nyx et de Pontos, une série s'achève : les premiers nés de l'univers ont épuisé leur fécondité (132-33G).

C'est le tour des Titans, Okéanos, Hypérion, Crios et Kœoë^, puis Cronos. Si Japétos est omis pour le moment, c'est que sa lignée s'est illustrée unique- ment par ses luttes malheureuses contre Zeus, le plus puissant des fils de Cronos. Laissons le poète nous faire connaître les Cronides, et quand Zeus régnera sur le monde, les enfants de Japétos auront leur tour.

Avec les Cronides (453) un ordre de choses nouveau semble commencer. Aux dieux primitifs qui n'ont jamais eu d'autels, succèdent ceux dont le culte était célébré dans les cités grecques. Tout à Theurc une mythologie purement poétique nous était présen- tée; en voici une maintenant qui est le fond même de la religion publique. Mais ce changement, si im- portant pour nous, le poète en a-t-il conscience ? Nulle différence de ton ni de méthode, nulle ré- flexion qui arrête Tesprit, nul indice, si léger qu'il soit, qui éveille la pensée. De génération en géné- ration, il a passé des dieux d'autrefois aux dieux

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