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la rhinoplastie. Je ne puis résister au désir, peu scientifique, il est vrai, de transcrire ici un passage dû à Voltaire, et qui démontre réellement l’impression fâcheuse que cette opération fît sur les esprits :

…Taliacotius,
Grand Esculape d’Etrurie,
Répara tous les nez perdus
Par une nouvelle industrie.
Il vous prenait adroitement
Un morceau du cul d’un pauvre homme,
L’ajustait au nez proprement ;
Enfin, il arrivait qu’en somme,
Tout juste à la mort du prêteur,
Tombait le nez de l’emprunteur ;
Et souvent dans la même bière,
Par justice et par bon accord,
On remettait au gré du mort,
Le nez auprès de son derrière.

Cependant quelques chirurgiens : Pauli, Franco, avaient tenté la réparation du nez ; mais opérant par la méthode de Celse, c’est-à-dire par élongation de la peau voisine de l’organe, ils n’avaient pas réussi ou du moins la pauvreté de leurs résultats fut de nature à faire repousser la pratique des greffes.

Enfin, en 1814, un anglais, Carpue, ayant en connaissance de la méthode et des succès des Indiens, tenta, le premier, dans ce siècle, deux opérations dont les suites furent heureuses. Cette méthode, la plus féconde de toutes, qui consiste à prendre le lambeau réparateur à une région voisine, est connue aujourd’hui sous le nom de méthode indienne. La hardiesse de Carpue rencontra alors beaucoup d’imitateurs, et les tra-