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qu’une seule et même image résultante. Le même effet est obtenu en projetant les rayons qui sortent du prisme sur un écran.

En poursuivant l’étude, on trouve une solution encore plus pure et plus simple, où l’emploi de toute couleur artificielle prédéterminée disparait.

C’est la conséquence du principe suivant :

Un rayon de lumière blanche traverse un prisme ; le rouge, le jaune, le bleu émergent sous des angles distincts. Si on envoie, en sens inverse et sous le même angle que celui d’émergence du rouge, un rayon de lumière blanche, ce rayon sera décomposé, et ce qu’il contient de rouge prendra la direction du premier rayon blanc.

De même, le rayon blanc inverse pénétrant sous les angles d’émergence du jaune et du bleu, donnera, dans la direction du rayon blanc direct, un rayon jaune, un rayon bleu.

Donc, le même appareil qui sert à décomposer le tableau en trois épreuves prises dans les régions rouge, jaune, bleue du spectre, servira, une fois ces épreuves obtenues, à faire la recomposition. Il suffira pour cette synthèse de remplacer les trois clichés immédiats par leurs positifs non colorés, et d’envoyer à travers chacun un rayon de lumière blanche suivant le trajet d’émergence du rayon coloré correspondant.

Ainsi, on aura la reproduction du tableau naturel, soit dans l’œil directement, soit sur un écran.

Cette solution est remarquable en ce qu’elle ne fait dépendre le résultat d’aucun produit artificiel coloré. Lee couleurs sont ainsi transformées en conditions purement géométriques, et ces conditions régénèrent à leur tour les couleurs. L’appareil réalisé ne rend de cette façon que ce qu’il a reçu.

C. — La synthèse antichromatique consiste à superposer réellement les trois positifs sur une surface blanche ou transparente, de manière à obtenir un résultat fixe et visible sans instrument intermédiaire.

Voici comment ce dernier résultat est réalisé.

Au moyen des trois clichés, on obtient trois planche héliographiques sur pierre ou sur acier, planches qui donnent des épreuves positives.

Les parties foncées de l’épreuve rouge, par exemple, représentent les parties du tableau où le rouge a le moins agi, les parties claires celles où il était en maximum.

En ces points, où il n’y avait pas de rouge, il ne pouvait y avoir que du noir, du jaune ou du bleu.

On tire cette première épreuve en vert, couleur complémentaire du