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province du Chantoung. La France pouvait se réserver le droit d’intervenir seule dans le règlement de cet incident, puisqu’elle avait le droit exclusif et séculaire de protéger les catholiques, à quelque nation qu’ils appartinssent. Elle hésita. L’empereur Guillaume ii n’admit pas d’hésitation. Le 17 du même mois, il ordonnait aux croiseurs allemands d’occuper Kiao-tchéou ; puis, dans le mémorable discours de Kiel, il délégua son frère, le prince Henri de Prusse, pour se rendre à Pékin, et réclamer réparation. L’Allemagne exigea la cession à bail de Kiao-tchéou et de tout le bassin intérieur, avec faculté de relier Kiao-tchéou à Tsinan par deux voies ferrées, l’une passant au nord et l’autre au sud de la contrée afin de faciliter l’exploitation des richesses minières réservées à des Allemands. — (Jacques Daurelle, l’Européen, février 1904.)

L’Europe a compris la faiblesse militaire du géant chinois, elle n’a plus qu’un souci : le dépouiller.

Le Japon a tiré les marrons du feu !

Aujourd’hui, ayant réclamé la neutralité absolue de la Chine, la Russie envahit son territoire, occupe Niou-Chouang, le fortifie et le met en état de siège.

Les Chinois acceptent la loi du plus fort et, silencieux, s’inclinent.

Et l’on épilogue sur les causes de la guerre actuelle !

Et l’on n’ose pas avouer, comme l’a noblement fait M. Sigismond Lacroix (Radical, 8 février), qu’il est évident que cette guerre d’aujourd’hui a


pour cause réelle l’insatiable ambition russe, à qui tout le continent asiatique fait envie : la Sibérie n’est pour elle qu’une base d’opérations : déjà, par le Caucase, elle est en Perse ; la voilà qui prend un pied en Chine ; demain, elle