Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/514

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l’uranium au moyen de précipitations chimiques (Grookes, Soddy, Rutherford et Grier, Debierne, Becquerel). On ajoute, par exemple, du chlorure de baryum à une solution d’azotate d’uranyle, et l’on précipite le baryum à l’état de sulfate en ajoutant un peu d’acide sulfurique. Le sulfate de baryum précipité, séparé et séché est radioactif ; il a entraîné une partie de l’activité de l’uranium, car le sel d’urane retiré de la solution évaporée à sec se montre moins actif qu’avant d’avoir subi cette opération. Mais, au bout de quelques mois, le sulfate de baryum a perdu sa radioactivité, tandis que le sel d’urane a repris ses propriétés primitives. On peut admettre que le sel de baryum s’était activé au contact de l’uranium, ou encore qu’il a entraîné sous une forme spéciale une partie de l’activité de celui-ci (uranium X de Crookes).

MM. Rutherford et Soddy ont montré que, si l’on précipite le nitrate de thorium par l’ammoniaque, l’oxyde de thorium précipité est moins actif que l’oxyde de thorium ordinaire. En revanche, la liqueur d’où il a été précipité est radioactive, et, en l’évaporant à sec, on obtient un résidu très petit, mais 2500 fois plus actif que la thorine (ils appellent thorium X le corps radioactif de ce résidu). Au bout de quelques semaines, le résidu a perdu son activité, le thorium X a disparu, et la thorine précipitée a, au contraire, repris son activité normale. De plus, tant que le thorium X existe, il émet en abondance l’émanation du thorium.

MM. Rutherford et Soddy admettent que l’uranium X et le thorium X sont des produits intermédiaires de la désagrégation de l’uranium et du thorium. Le thorium, par exemple, produirait d’une façon continue le thorium X, qui se désagrégerait en donnant l’émanation du thorium, laquelle se transformerait à son tour en activité induite.

Conductibilité de l’air atmosphérique. Émanation et radioactivité induite à La surface du sol. — MM. Elster et Geitel d’une part, M. Wilson d’autre part, ont montré que l’air atmosphérique conduit toujours légèrement l’électricité ; cet air est toujours légèrement ionisé. Cette ionisation semble due à des causes multiples. D’après les travaux de MM. Elster et Geitel, l’air atmosphérique renferme toujours en très petite proportion une émanation analogue à celle émise par les corps radioactifs. Des fils