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métalliques tendus dans l’air et maintenus à un potentiel négatif élevé s’activent sous l’influence de cette émanation. Au sommet des montagnes l’air atmosphérique contient plus d’émanation que dans la plaine ou au bord de la mer. L’air des caves et cavernes est particulièrement chargé d’émanation. On obtient encore de l’air très riche en émanation, en aspirant, au moyen d’un tube enfoncé dans le sol, l’air qui y est contenu. L’air extrait de certaines eaux minérales renferme de l’émanation, tandis que l’air contenu dans l’eau de la mer et des rivières en est à peu près exempt.

La conductibilité de l’air atmosphérique est encore probablement due en partie à des radiations très pénétrantes qui traversent l’espace et dont l’origine est inconnue. Enfin il est probable que tous les corps sont légèrement radioactifs, et que ceux qui sont à la surface du sol agissent pour rendre l’air qui les entoure conducteur de l’électricité.

Constantes de temps qui caractérisent la disparition des émanations et des radioactivités induites. — Nous avons vu que les émanations radioactives et les radioactivités induites des corps solides disparaissent spontanément et que la loi de leur disparition est, en général, une loi exponentielle simple. L’intensité du rayonnement est donnée en fonction du temps t par une formule de la forme

,

étant l’intensité initiale du rayonnement, a une constante. Cette loi exponentielle est complètement définie par la connaissance d’une constante de temps qui sera, par exemple, l’inverse de a dans la formule précédente. On pourra encore prendre comme constante le temps nécessaire pour que l’intensité du rayonnement diminue de moitié.

Il est fort remarquable que ces constantes de temps semblent rester invariables dans les circonstances les plus variées. C’est ainsi que l’émanation du radium diminue de moitié pendant chaque période de 4 jours, quelles que soient les conditions de l’expérience et quelle que soit la température entre −180° et +450° ; la vitesse de disparition est la même que l’émanation soit à l’état