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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER AU CONCERT

trisant ». Né à Anvers, élève brillant de l’Université de Louvain, remarqué à Bruxelles par Gounod, dont il avait chanté quelques œuvres dans un salon ami, il était venu à Paris surtout pour satisfaire ses goûts littéraires, et déjà se faisait une place dans le journalisme, lorsque le hasard lui apporta l’occasion de se révéler aussi chanteur : remplaçant au pied levé le principal interprète de la cantate de Paul Vidal au concours du prix de Rome, il eut la double joie de voir le jeune musicien obtenir le prix et d’attirer, pour sa part, l’attention de Charles Lamoureux. Ces deux natures d’artiste étaient faites pour s’entendre. Van Dyck ne possédait pas seulement une voix puissante et colorée de ténor de force éclatante dans le haut, chaude et timbrée dans le grave, il révélait un goût musical très rare, une compréhension approfondie de ce qu’il chantait, une expression ardente et enthousiaste. À l’école sévère de Lamoureux, nous l’avons vu, en quelques années, atteindre une qualité d’interprétation lyrique de tout premier ordre. On se souvient encore de l’effet qu’il produisit, en 1884, dans le récit du Graal, après le duo, chanté avec Mme Brunet-Lafleur. L’émotion était indescriptible. Et que de fois, depuis, la vit-on renaître ! On ne se lassait pas de réclamer cette page fulgurante, (en 1896 encore) et le duo fut d’ailleurs répété quatre ans de suite par les deux artistes. On entendit ensuite Vergnet et Mme Caron (1889 et 1898), et, dans le Graal, le même Vergnet (1888), Engel (1890), Imbart de la Tour (1901, Burgstaller (1907, chez Colonne, cette fois, et en allemand), et Franz (1912, au Trocadéro). On doit citer encore, comme pages plus rares, la scène d’Elsa et d’Ortrude, au second acte, qu’interprétèrent Mmes Brunet-Lafleur et Materna (1891) et le premier air