Page:Cuvier - Règne animal 1829 vol I.djvu/129

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toutes celles où ce genre d’union existe, le père prend part à l’éducation du petit. La longueur de cette éducation lui permet d’avoir d’autres enfants dans l’intervalle, d’où résulte la perpétuité naturelle de l’union conjugale ; comme de la longue faiblesse des enfants résulte la subordination de famille, et par suite tout l’ordre de la société, attendu que les jeunes gens qui forment les familles nouvelles conservent avec leurs parents les rapports dont ils ont eu si long-temps la douce habitude. Cette disposition à se seconder mutuellement multiplie à l’infini les avantages que donnaient déjà à l’homme isolé son adresse et son intelligence ; elle l’a aidé à dompter ou à repousser les autres animaux, et à se préserver partout des intempéries du climat, et c’est ainsi qu’il est parvenu à couvrir la face de la terre.

Du reste, l’homme ne paraît avoir rien qui ressemble à de l’instinct, aucune industrie constante et produite par des images innées ; toutes ses connaissances sont le résultat de ses sensations, de ses observations, ou de celles de ses devanciers. Transmises par la parole, fécondées par la méditation, appliquées à ses besoins et à ses jouissances, elles lui ont donné tous ses arts. La parole et l’écriture, en conservant les connaissances acquises, sont pour l’espèce la source d’un perfectionnement indéfini. C’est ainsi qu’elle s’est fait des idées, et qu’elle a tiré parti de la nature entière.

Il y a cependant des degrés très différents dans le développement de l’homme.

Les premières hordes, réduites à vivre de chasse, de pêche, ou de fruits sauvages, obligées de donner tout leur temps à la recherche de leur subsistance, ne pouvant beaucoup multiplier parce qu’elles auraient détruit le gibier, faisaient peu de progrès ; leurs arts se bornaient à construire des huttes et des canots ; à se couvrir de peaux, et à se fabriquer des flèches et des filets ; elles n’observaient guère que les astres qui les guidaient dans