Page:Cuvier - Règne animal 1829 vol I.djvu/130

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leurs courses, et quelques objets naturels dont les propriétés leur rendaient des services ; elles ne s’associèrent que le chien, parce qu’il avait un penchant naturel pour le même genre de vie. Lorsque l’on fut parvenu à dompter des animaux herbivores, on trouva dans la possession de nombreux troupeaux une subsistance toujours assurée, et quelque loisir, que l’on employa à étendre les connaissances ; on mit quelque industrie dans la fabrication des demeures et des vêtements ; on connut la propriété et par conséquent les échanges, la richesse et l’ingalité des conditions, sources d’une émulation noble et de passions viles ; mais une vie errante pour trouver de nouveaux pâturages, et suivre le cours des saisons, retint encore dans des bornes assez étroites.

L’homme n’est parvenu réellement à multiplier son espèce à un haut degré, et porter très loin ses connaissances et ses arts, que depuis l’invention de l’agriculture et la division du sol en propriétés héréditaires. Au moyen de l’agriculture, le travail manuel d’une partie seulement des membres de la société nourrit tous les autres, et leur permet de se livrer aux occupations moins nécessaires, en même temps que l’espoir d’acquérir par l’industrie une existence douce pour soi et pour sa postérité, a donné à l’émulation un nouveau mobile. La découverte des valeurs représentatives a porté cette émulation au plus haut degré, en facilitant les échanges, en rendant les fortunes à la fois plus indépendantes et susceptibles de plus d’accroissement ; mais par une suite nécessaire, elle a porté aussi au plus haut degré les vices de la mollesse et les fureurs de l’ambition.

Dans tous les degrés de développement de la société, la propension naturelle à tout réduire à des idées générales, et à chercher des causes à tous les phénomènes, a produit des hommes méditatifs, qui ont ajouté des idées nouvelles à la masse de celles que l’on possédait ; et tant que les lumières n’ont pas été communes, ils ont