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EXPOSÉ RAPIDE DES FONCTIONS INTELLECTUELLES DES ANIMAUX

L’impression des objets extérieurs sur le moi, la production d’une sensation, d’une image, est un mystère impénétrable pour notre esprit, et le matérialisme une hypothèse d’autant plus hasardée, que la philosophie ne peut donner aucune preuve directe de l’existence effective de la matière. Mais le naturaliste doit examiner quelles paraissent être les conditions matérielles de la sensation, il doit suivre les opérations ultérieures de l’esprit, reconnaître jusqu’à quel point elles s’élèvent dans chaque être, et s’assurer s’il n’y a pas encore pour elles des conditions de perfection dépendantes de l’organisation de chaque espèce ou de l’état momentané du corps de chaque individu.

Pour que le moi perçoive, il faut qu’il y ait une communication nerveuse non interrompue entre le sens extérieur et les masses centrales du système médullaire. Ce n’est donc que la modification éprouvée par ces masses que le moi perçoit ; aussi peut-il y avoir des sensations très réelles sans que l’organe extérieur soit affecté, et qui naissent, soit dans le trajet nerveux, soit dans la masse centrale même : ce sont les rêves et les visions ou certaines sensations accidentelles.

Par masses centrales, nous entendons une partie du système nerveux d’autant plus circonscrite que