Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/164

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que par mes yeux de civilisé. C’était bien simple pourtant. Qu’est-ce qui rend le travail attrayant ? ce n’est pas toujours la nature du travail mais la condition dans laquelle il s’exerce et la condition du résultat à obtenir. De nos jours, un ouvrier va exercer une profession ; ce n’est pas toujours la profession qu’il aurait choisi : le hasard plus que l’attraction en a décidé ainsi. Que cette profession lui procure une certaine aisance relative, que son salaire soit élevé, qu’il ait affaire à un patron qui ne lui fasse pas trop lourdement sentir son autorité, et cet ouvrier accomplira son travail avec un certain plaisir. Que par la suite, ce même ouvrier travaille pour un patron revêche, que son salaire soit diminué de moitié, que sa profession ne lui procure plus que la misère, et il ne fera plus qu’avec dégoût ce travail qu’il accomplissait naguère avec plaisir. L’ivrognerie et la paresse n’ont pas d’autre cause parmi les ouvriers. Esclaves à bout de patience, ils jettent alors le manche après la cognée et, rebuts du monde, ils se vautrent dans la lie et la crasse, ou caractères d’élite, ils s’insurgent jusqu’au meurtre, jusqu’au martyre, comme Alibaud, comme Moncharmont, et revendiquent leurs droits d’hommes, fer contre fer et face à face avec l’échafaud. Immortalité de gloire à ceux-là !…

Dans l’Humanisphère, les quelques travaux