Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/163

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de l’Autorité, quand l’anarchie, cette loi de la Liberté, a des mœurs si pures et si douces ? Comment se fait-il qu’on regarde comme chose si phénoménale cette fraternité intelligente, et comme chose normale cette imbécillité fratricide ?… Ah ! les phénomènes et les utopies ne sont des phénomènes ou des utopies que par rapport à notre ignorance. Tout ce qui pour notre monde est phénomène, pour un autre monde est chose tout ordinaire, qu’il s’agisse du mouvement des planètes ou du mouvement des hommes ; et ce qu’il y aurait de bien plus phénoménal pour moi, c’est que la société restât perpétuellement dans les ténèbres sociales et qu’elle ne s’éveillât pas à la lumière. L’autorité est un cauchemar qui pèse sur la poitrine de l’Humanité et l’étouffe ; quelle entende la voix de la Liberté, qu’elle sorte de son douloureux sommeil, et bientôt elle aura recouvré la plénitude de ses sens, et son aptitude au travail, à l’amour, au bonheur !

Bien que dans l’Humanisphère les machines fissent tous les plus grossiers travaux, il y avait, selon moi, des travaux plus désagréables les uns que les autres, il y en avait même qui me semblaient ne devoir être du goût de personne. Néanmoins, ces travaux s’exécutaient sans qu’aucune loi ni aucun règlement y contraignît qui que ce fût. Comment cela ? me disais-je, moi qui ne voyais encore les choses