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SUR LA COURONNE.

capable d’y mettre, devait nécessairement l’agrandir aux yeux des Athéniens en humiliant son adversaire, et placer sa cause dans le jour le plus favorable. C’est aussi par là qu’il commence. » Cours de litt., Ier part., l. 2.

Quintilien nous a conservé une sorte de tradition du geste dont Démosthène accompagna ces premières paroles : « Est et ille verecundæ orationi aptissimus, quo quatuor primis leviter in summum coeuntibus digitis, non procul ab ore aut pectore refertur ad nos manus, et deinde prona ac paululum prolata laxatur. Hoc modo cæpisse Demosthenem credo in illo pro Ctesiphonte timido summissoque principio. » xi, 3.

(2) Τῇ τάξει καὶ τῇ ἀπολογίᾳ. Le premier de ces mots ne signifie jamais une attaque ; et l’induction que l’on a tirée, tout récemment encore, de τῶν ἀνωνιζμένων pour forcer sa signification, tombe devant l’examen des deux plaidoyers. Eschine se défend, par anticipation, contre plusieurs reproches qu’il attend de son adversaire, comme celui-ci se défend contre les diffamations du premier. Les deux orateurs disent tour à tour aux juges : « N’accordez pas la parole à Démosthène. — Laissez-moi me justifier χρήσαθαι τῇ ἀπολογία. — Si Démosthène parle, qu’il suive mon plaidoyer pas à pas. — Laissez-moi suivre le plan que je préfère, χρήσαθαι τῇ τάξει. À ce mot τῇ τάξει une scolie ajoute simplement τῶν καφαλαίων, disposition des parties principales. Même sens dans la préface du commentaire d’Ulpien. Notre interprétation est, d’ailleurs, celle des traducteurs latins, de Duvair, de Jacobs et de M. Jager.

(3) Habile réticence, qui donne à entendre plus que l’orateur n’oserait exprimer (Ulpien). Suidas développe ainsi la pensée, Ἐγὼ μὲ περὶ τῶν ἐσχάτων κινδυνεύω. « Mihi quidem de fama et fortunis omnibus est periclitandum. (Stock).

— ’Exœpioucii ;, par surabondance. Cette expression, synonyme de éi ïO-ofiot ;, ix nîfiovTo ;, que l’on trouve dans Platon et Thucydide, a divers sens chez les écrivains grecs. V. r.pparatu5 de Scha>fer, t. ii, p. 19. Selon son acception spéciale, ses équivalents sont de gaieté de cœur, ou par surcroit, ou par passe-temps. Il n’est donc pas étonnant que déjà, au temps d’Ulpien, les rhéteurs ne fussent pas d’accord sur le vrai sens qu’elle a ici. Celui que demande la logiqueest, ita ztt nikil in periculum adducat, nisi quod superfluum est.

(4) Je lis dans une traduction récente : « Et que je ne dois pas songer moins à ma défense qu’à la sienne. » Gin avait adopté le même sens. Cependant le scoliaste est formel : ’.Al’.OTTOuoa^TTÔTSpov èaoî jaîW.ov toO KTr,’7içt6vTo ;.

(5) Harless s’écrie ici : « Sentisne magnitudinem, libertatem dicendi, meotemque recti consciam ? »

(6) Ulpien signale l’obscurité de ce passage, que les dissertations de Wolf, de Tourreil et de Harless n’ont pas éclairci. Ce dernier et Wunderlich proposent des corrections qui ne me semblent pas nécessaires. Taylor, si pénétrant, avoue que la liaison des idées lui échappe ici. J’ai suivi, aidé de Jacobs, le sens qui contrarie le moins la S’iledu raisonnement. — IIo).’.-nxov &ri|jioTix6v, Vlp.

(7) Eschine avait été tragédien. Ulp.

(8) Cette guerre, appelée aussi guerre Sacrée, parce que la culture d’un champ appartenant au temple de Delphes en fut le premier prétexte, dura dix ans. (Ol. cvi, 1 — cviii, 3 ; 356-346 av. j.c ) Au moyen des trésors du temple, les Phocidiens la soutinrent avec une fortune inégale. Enfin, la destruction de ce peuple, vaincu sans ressource fut prononcée par le conseil amphictyonique (Diod. xvi 23—59 ; Pausanias, x, 2 et 3). Les Thébains, seuls d’abord, puis unis aux Thessaliens, avaient attaqué la Phocide. Sparte, fidèle à sa haine pour les premiers, avait envoyé des secours. Cette haine régnait aussi à Athènes ; cependant son effet s’était borné à une alliance avec les Phocidiens, lorsque Philippe, profitant habilement de ces troubles, s’avança pour occuper le défilé des Thermopyles.

Non par moi. Démosthène insinue par là qu’il n’était pas un aveugle partisan de la guerre. Ulp. Ce tableau de la situation de la Grèce est souvent cité avec éloge par les anciens : Quintil, iv, 2 ; Hermog. p. 281, 286, 307 ; Démétr. Phal. § 322.

(9) Dans les villes du Péloponnèse que Sparte avait sou mises, des décemvirs (décadarques) gouvernaient en son nom.

Les mots âxpiTo ; Ipi : sont expliqués par Taylor, contentio tacita etobducta, quœ nondum in apertum bellum erupit ; par J. Wolf et Harless, lis inexpticata. Malgni l’autorité d’Harpocration et de Suidas, qui regardent âxp’.To ; comme synonyme de àoiàxfi-o ;, indistinct, confus, et celle de Jacobs, qui traduit par rerworrene, je crois devoir repousser cette interprétation. Démostliéne vient de dire que la guerre avait éclaté enlre les Phocidiens et les Thébains : or, ces deux peuples sont évidemment compris parmi ceux qu’il désigne ici, -/.a ! Tiopi toîi ; a/XrAt ï-asiv "EXXr.Ç’.v. Ulpien : "AxpiTo ;r.oXXr,. Tel est, d’ailleurs, le sens adopté, quelquefois avec paraphrase, par Lambin, Duvair, Tourreil, Auger, Gin et {{M.|Jager. Millot et {{M.|Plougoulm ne se prononcent pas.

(10) Alexandre venait de détruire Thèbes.

(11) Guerre contre Philippe, pour la possession d’Amphipolis ; Ol. cv, 4 — cviii, 2 ; 357, 347 av. J.-C.

(12) Allusion au passage où Eschine qualifie ainsi Démosthène.

(13) La paix dont il est question ici fut conclue Ol. cviii, 2 ; 347. Athènes et Philippe firent de nouveau la paix, ou plutôt une trêve, selon Diodore, Ol. ex, 2 ; 339.

(14) Ulpien applique -oO-o à la désobéissance des députés, et l’on peut traduire : « Que pouvait-il en résulter ? » Au fond, le sens est le même.

(15) Eschine avait désigné ces places comme n’existant pas. De là, la finesse du mot SiÉiTup ;. Ulpien : w ; oOSIv ètMei. Harless : démoli tus es/. Finesse d’autant mieux placée, qu’elle répond àim reproche où il y en a beaucoup.

(16) Barthélémy regarde cet àf /itéxtuv, que Duvair appelle maistre des cérémonies, comme un entrepreneur chargé d’une partie de la dépense qu’occasionnait la représentation des pièces, et qui recevait en dédommagement une légère rétribution de la part des spectateurs. Dans le principe, l’entrée au théâtre était gratuite. La rétribution établie fut tour à tour d’une drachme, une obole, et deux oboles. V. aussi Boeckh, Économie polit, des Athéniens, ii,e. 13. Cet entrepreneur s’appelait encore ÔclTpwvr ; ;, fJEïTpOKMXr, ;, ipyoïv toû OîdtTfO’j.

(17) C’est-à-dire, le trente de ce mois, jour intermédiaire entre les deux lunes. Selon l’année, le premier Hécatombeion variait du 13 juin au 9 juillet.

L’année où cette affaire fut traitée (Ol. cviii, 2 ; 347 av. J.-C.), l’archonte éponyme ne s’appelait pas Mnésiphile, mais Thémistocle (V. le dis. d’Esch.). La députation fut composée de dix membres, et non de cinq ; et, à l’exception d’Eschine, tous sont faussement désignés à la fin de ce décret, puisqu’ils furent les mêmes qui avaient fait partie de la première ambassade pour la paix, Ἀπορητέον περὶ τοῦ τῶν πρέσβεων ἀριθμοῦ, dit le scoliaste. Voyez aussi les deux plaidoyers sur l’Ambassade. La teneur et la date de cette pièce-ci présentent encore de graves inexactitudes, qui ont été signalées par Boeckh, Winiewski et Jacobs. Voici deux autres singularités : tous les documents rapportés dans cette harangue offrent une série de faux archontes ; et ceux de la seconde moitié ne sont qu’indiqués ; le texte en est omis. Ces erreurs et cette bizarrerie sont une énigme. Indiquons, en substance, comment l’explique Bœckh dans un savant Mémoire de