Page:Désorgues - Chant funèbre, en l’honneur des guerriers morts à la bataille de Marengo, 1799.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 13 ]


La mer à sa voix éplorée,
Entr’ouvre ses flots frémissans ;
Accourez filles de Nérée,
C’est vous qu’appellent ses accens.
Venez, secondant son audace,
Guidez cet enfant du Parnasse,
Dans votre asile redouté.
Là, dans les bras d’une Déesse,
Brillant de vers et de jeunesse,
Qu’il puise l’immortalité !

Si la naïve adolescence,
Est sous l’appui des chastes Sœurs,
L’homme, dans sa seconde enfance,
Éprouve leurs soins protecteurs.
Quand le monde en sa folle ivresse,
Déserte la triste vieillesse
Elles visitent ses foyers ;
Et leur puissance tutélaire,
Venge l’auguste caractère,
D’un front blanchi sous leurs lauriers.

Quoi ! l’on traîne à l’Aréopage
Ce vieillard confident des Dieux !
Quoi ! Sophocle honneur de son âge,
Flétri par ses fils odieux !
Sa fille même l’abandonne !
Muses, servez-lui d’Antigone,
Rallume, Œdipe, ton flambeau ;
Par ton exemple, aux Eumenides,
Il livre ses enfans perfides,
Et descend vainqueur au tombeau.