Page:Désorgues - Chant funèbre, en l’honneur des guerriers morts à la bataille de Marengo, 1799.djvu/17

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Il meurt : la Grèce au loin rejette
L’opprobre vivant de ses fils :
Traîtres ! le père et le poète
Appellent sur vous Némésis.
Que tes enfans, divin Sophocle,
De Polynice et d’Étéocle,
Éprouvent l’horrible destin ;
Et sur ta cendre vengeresse,
Puissent-ils, calmant le Permesse,
Tomber en se perçant le sein !

Malheur à la voix qui blasphême
Le Pinde et ses dons immortels !
Malheur ! sur une Muse même,
Les Muses vengent leurs autels.
Vainqueur des fers de sa patrie,
Alcée, en son ame attendrie,
Ne peut vaincre des feux cruels :
Il porte aux neuf Sœurs son injure ;
Et dénonçant une parjure,
Il pleure au pied de leurs autels.

Il pleure, et son ingrate amante
Le front de roses couronné,
Sapho, qu’un vain désir tourmente,
Chante un amour désordonné.
Tu périras, femme insensée,
Tu dédaignas le grand Alcée,
De Phaon subis les refus :
Les Dieux désenchantent ta lyre,
Et Leucade par ton délire,
Venge Polymnie et Vénus.