Page:Désorgues - Chant funèbre, en l’honneur des guerriers morts à la bataille de Marengo, 1799.djvu/23

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Quand, par leurs mains est affranchie,
Cette terre de liberté,
Par le sort cruel enrichie
Du don fatal de la beauté ;
Et quand de la triple barrière
Que franchit leur ardeur guerrière,
Ils volaient au sein des combats,
Fallait-il que cette contrée,
Par de longs revers déchirée,
Gémît encor sur leur trépas ?

D’un guerrier que pleurait ma lyre,
Ô vous, illustres compagnons,
Vous, qui par un même délire
Avez su consacrer vos noms,
Dites à son ombre chérie
Que sa mort devant sa patrie
Fut vengée aux rives Pô,
Et, qu’achevant votre carrière,
Vous fermâtes votre paupière
Sur les palmes de Marengo.

Le Pô, non loin de ces rivages,
Vit donc sous le fer des Germains
Succomber ces mâles courages,
Arbitres du sort des Romains ?
Là, ces lauriers que dans l’Afrique
Moissonna leur course héroïque
Reposent avec leurs travaux.
Là, sont ces sueurs généreuses
Et ces actions belliqueuses,
Sublime entretien des héros.