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MÉMOIRES SUR CHRISTINE.

bleaux, de ses curiosités, des médailles qui furent frappées à son sujet ; et je laisse l’auteur des mémoires se livrer avec complaisance à ce détail ; j’aime mieux faire mention de deux ouvrages qu’elle composa. L’un, intitulé Pensées diverses, est, comme la plupart des ouvrages de ce genre, un recueil de lieux communs, que souvent même on n’a pas pris la peine de déguiser par un tour e’pigrammatique. Ce qui est le plus singulier dans cet écrit, ce sont quelques maximes sur la tolérance, qu’on y remarque précisément à côté des propositions les plus outrées sur l’infaillibilité du pape. Si elle a prétendu donner celles-ci pour le contrepoison des premières, ne pourrait-on pas dire, que le remède est pire que le mal ? L’autre ouvrage de Christine est un éloge d’Alexandre, ce conquérant, l’idole de l’antiquité, l’objet de la critique de notre siècle, qui, comme la plupart des princes célèbres, ne mérita ni cet excès d’éloges dont la flatterie l’accabla, ni les satires que tant de gens de lettres en font aujourd’hui parce qu’ils n’ont rien à en attendre, Christine aurait du louer moins ce prince, et l’imiter davantage ; non dans son amour effréné de la gloire et des conquêtes, mais dans sa grandeur d’âme, dans son talent pour régner, dans la connaissance qu’il eut des hommes, dans l’étendue de ses vues, et dans son goût éclairé pour les sciences et pour les arts.