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NOTES SUR L’ÉLOGE

NOTES.

(1) Outre les lettres réelles que le président Rose écrivit au nom de ce prince, comme secrétaire du cabinet, on lui en attribue une prétendue écrite par Louis XIV au docteur Amauld, en 1678, dans le temps où le monarque taisait le siège d’Ypres. On sait que Jansénius avait été évêque de cette ville 5 on sait quel était Tattacheinent du docteur Arnauld pour cet évèque et pour ses opinions. La lettre dont il s’agit n’était qu’un long et triste persifflage, où Ton faisait parler le roi sur le siège d’Ypres, dans le style théoiogique de Jansénius j plaisanterie de séminaire, plus digne d’un bachelier de Sorbonne, que d’un homme du monde, tel que le président Rose[1]. Si par malheur pour lui il en fut l’auteur, il n’osa sûrement la montrer à son ami Racine, dont le jansénisme et le bon goût auraient également réprouvé cette insipide lacélie. Cependant les jésuites, ennemis jurés de jansénius et d’Arnauid, répandirent la lettre le plus qu’ils purent, et la iirent valoir de leur mieux, jusqu’à prétendre qu’elle était supérieure aux Provinciales ; mais ils furent les seuls à le croire, ou plutôt à le dire ; et les jansénistes conservèrent l’avantage, si précieux en France, d’avoir fait rire la nation aux dépens de leurs ennemis.

(2) Ce Vittorio Siri, qui eut tant d’obligation à notre académicien, avait commencé par être moine. Il passait pour vendre sa plume au plus offrant ; ce qui faisait dire de lui, que ses ouvrages historiques étaient no da istorico, ma da snlario ( non d’un historien, mais d’un auteur payé). Le cardinal Mazarin, quoiqu’il lui eût donné une forte pension, ne l’aimait pas, et ne le soudoyait que pour échapper à ses sarcasmes.

(3) Notre académicien conserva dans ses derniers momens la gaieté qui ne le quittait jamais, et dont nous avons rapporté différens traits dans son éloge. Des prêtres qui assiégeaient son lit quelques heures avant sa mort, le fatiguaient de leurs exhortations, appaiemment peu éloquentes, et surtout des promesses qu’ils lui faisaient d’adresser au ciel des prières ferventes pour son salut. Il appela sa femme, qui pleurait dans un coin de la chambre : Ma chère amie ^ lui dit-il, si ces messieurs, quand ils m auront enterré, vous ojfrent des messes pour me tirer plus vite du Purgatoire, épargnez-vous cette dépense-là. Je pren

  • On peut en jugf^r par le début de cette lettre, relatif aux cinq propositions

condamnc ; es dans Jansc’nius. Monsieur Arnauld, j’ai cinq propositions a faire ci messieurs d^Tpres. La première, que je suis’venu en Llandre pour faire du bien li tout, le raonde. La seconde, que le commandement que je leur fois de me rendre la rnlle n’est pas impossible. La troisième, clc. Il s’agit donc, monsieur, de leur faire signer ces cinq propositions, qui renferment tout le Trailc de la [irâcc que j’ai à leur faire, etc. Ceux qui voudront s’ennuyer plus long-temps Uouveiont le reste dans le dictionnaire de Bayle, au mot Ypres.

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