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APOLOGIE

livre qu’il voulait donner au public, et clans lequel on trouverait, selon lui, Vhistoire véritable des clwi’ah’ers de l’ordre et des ducs et pairs quin étaient pas gentilhormnes. On donnait aussi, très-mal à propos, à M. de Clermont-Tonnerre, ce mot, beaucoup plus ancien que lui, sur les nobles de création nouvelle, fjiie leurs armoiries étaient, pour la plupart, les enseignes de la boutique de leurs pères. Ainsi le malheureux prélat s’est vu cbargé, tout à la fois, et des ridicules qu’on a voulu lui donner, et de ceux qu’il donnait finement à d’autres, et des péchés qui n’étaient pas les siens. Nous tâchons ici de rendre ce qui appartient à chacun, et nous nous flattons d’avoir au moins beaucoup diminué la part qu’on destinait à notre confrère.

Lorsqu’il obtint à l’Académie une place, qu’il voulut bien, dit-on, s’abaisser à demander, on a prétendu qu’il avait poussé la crainte de compromettre son rang, jusqu’à hésiter s’il ferait, selon l’usage, dans son discours de réception, l’éloge de son prédécesseur, Barbier Daucourt, qui était né d’une famille obscure, et n’avait de titre que son mérite. Il est pourtant certain que M. l’évéque de Noyon se soumit de très-bonne grâce à ce devoir. Il traça en peu de mots, à la vérité, mais avec autant de précision que de justesse, le portrait de celui qu’il venait remplacer. J’avoue, dit-il modestement, que les talens de mon prédécesseur uie seraient aujourd’hui nécessaires. Son éloquence grave et facile dans les ouvrages de prose et de poésie ; son mérite accueilli par un ministre estimable[1], y sa charité victorieuse pour la défense d’un innocent prêt à subir le dernier supplice[2] ; enfin son attachement inviolable aux intérêts de cette compagnie y c’est, messieurs, en ce point seul que je ne lui cède pas, et que j’espère même le surpasser. On a imprimé dans des Ana, que cet éloge de Barbier Daucourt n’avait point été prononcé par l’évéque de Noyon, qui s’était fait une loi de ne jamais louer de roturiers ; et on ajoute que l’Académie, justement offensée de cette réticence, exigea que l’éloge fût rétabli à l’irupression. Cette fable sera suffisamment détruite, si l’on fait attention à

1. Colbert était ce ministre estimable à qui M. de Clermont-Tonnerre refusait, disait-on, une plus honorable e’pithète, parce qu’il ne le croyait pas A assez bonne maison ; imputation du même genre et du même poids que tontes les autres.

2. Cet innocent, dont Barbier Daucourt prit la défense, est le malheureux Le Brun, accuse d’un assassinai qu’il n’avait pas commis, condaame à mort par les premiers juges, et mort en prison des suites de la question affreuse que les seconds juges lui firent donner, pour tirer de lui l’aveu de son prétendu crime. // n’y a point de jnaqistrab qui ne don^e trembler en prononcatit une sentence de mort, quand il aura lu les mémoires pour et contre cet nfortwié.

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