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ÉLOGES HISTORIQUES.

ARTICLE

DU CARDINAL DUBOIS[1].

Cet article sera court sur ce qui concerne le cardinal Dubois, dont la vie, très-peu littéraire, fournit à peine aux annales académiques deux ou trois faits isolés et fugitifs, assez peu propres à les enrichir. Nous joindrons à ces faits, non moins brièvement, quelques légers accessoires, pour en remplir le vide et y semer le peu d’intérêt que nous sommes capables d’y répandre. Puissent les accessoires obtenir grâce pour le principal, et surtout pour le ton, quelquefois peu louangeur, que nous obligera de prendre l’académicien dont nous avons à parler ! cette raison nous a déterminés, messieurs, à vous rendre juges dans une séance publique de l’article que vous allez entendre. Comme il doit être, par la nature du sujet, d’un genre à part et presque unique dans notre histoire, il nous importe d’apprendre de vous si nous avons su fixer équitablement, sans blesser ni la sincérité ni les convenances, la place que le cardinal Dubois doit occuper dans le souvenir de ses confrères.

Avec quelque l’igueur que l’histoire et la postérité puissent un jour apprécier ce ministre, elles feraient à l’Académie une querelle très-injuste, si elles lui reprochaient d’avoir admis parmi ses membres un homme que la voix publique, il est vrai ne paraissait pas trop lui indiquer, mais que la puissance spirituelle et la temporelle semblaient toutes deux lui recommander pour ainsi dire, par le soin qu’elles avaient pris de le décorer comme à l’envi, des dignités les plus éminentes et des emplois les plus importans. Pourquoi une simple société littéraire, qui n’avait à lui accorder que les honneurs les plus modestes, aurait-elle eu la prétention ou la mauvaise humeur d’être plus difficile à son égard que la cour de Rome et celle de France ?

Guillaume Dubois, né en 1656, était fils, ou neveu car on n’est pas d’accord sur sa généalogie, d’un pauvre apothi-

  1. Article destiné, dans l’Histoire de l’Académie, à ce cardinal, premier ministre, archevêque de Cambrai, et membre de cette compagnie, lu à la séance publique du 25 août 1781.