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NOTES SUR L’ARTICLE

pose aujourd’hui l’honneur que vous me faites, pour donner aux intérêts de cette illustre compagnie toute l’attention et tout le zèle quelle mérite. Mon amour pour les lettres a prévenu dès long-temps en moi ce nouveau motif de service et d’attachement.

» Votre établissement, messieurs, est une partie considérable de la gloire d’un grand ministre, dont vous me permettrez de n’entreprendre l’éloge que par mes efforts pour l’imiter, quoique soutenus de peu d’espérance.

» Il prévit bien sans doute le succès de son ouvrage ; et tel en a été le progrès et l’éclat, que nos rois, après lui, se sont réservé le titre de votre protecteur, et que, pour un successeur de celui qui vous a fondés, c’est désormais un digne objet d’ambition que le titre de votre confrère.

» Je le reçois aujourd’hui, ce litre flatteur, avec un plaisir sensible. Je remplace parmi vous un homme d’une vaste érudition (M. Dacier), qui a enrichi la langue des plus précieuses dépouilles de l’antiquité, et qui, fidèle interprète du plus judicieux des écrivains, vient d’étaler à nos yeux, dans ses Vies des Hommes illustres, les plus grands principes et les plus grands exemples.

» C’est à moi, dans la place où je suis, d’en faire une étude sérieuse, d’y puiser, s’il m’est possible, de quoi justifier le choix du prince à qui je dois tout, et les dignités et les lumières même ; de quoi seconder avec succès les desseins d’un jeune roi, destiné, par ses inclinations, à remontrer au monde toute la gloire de son auguste bisaïeul.

» Je m’estimerai heureux, messieurs, à proportion que je mériterai une approbation d’aussi grand prix que la vôtre, et que je signalerai ma reconnaissance pour vous, non-seulement par mes soins pour ce qui vous regarde, mais en procurant de tous mes efforts la félicité publique, qui vous touche encore plus que vos avantages particuliers. »

Discours du cardinal Dubois à rassemblée du clergé[1].

« Messieurs, j’ai attendu avec impatience le jour où je pouvais marquer à cette auguste assemblée la vive reconnaissance que je sens de la grâce que vous m’avez faite : vous avez bien voulu m’associer au clergé de France, et je sais à combien de mérite et à quelle gloire vous m’associez ; mais j’ose dire que ce qui est si glorieux pour moi, l’est aussi pour vous-mêmes ; vous auriez pu craindre un ministre qui, quoique honoré du sacerdoce, eût pu être disposé, dans quelques occasions, à le sacrifier à l’Empire ; le penchant n’est que trop grand à croire les intérêts de l’un plus importons et plus pressans que ceux de l’autre ; mais votre zèle pour l’État ne vous a pas permis une crainte qui pouvait paraître légitime ; et en m’admettant dans l’intérieur de vos délibérations, vous prouvez, de la manière la plus authentique, la droiture et la sincérité de vos inten-

1. Ouvrage de Fontenelle.

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