Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/454

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à ces débris de vertébrés déjà si nombreux dans nos plâtrières les recherches de Cuvier ont encore ajouté une mâchoire de chien fort incomplète, d’une espèce inconnue, une portion de tête et de mâchoire inférieure du genre des Genettes, et des os provenant de divers carnivores.

« C’est sans doute une chose bien admirable, dit Cuvier[1], que cette riche collection d’ossements et de squelettes d’animaux d’un ancien monde, rassemblée par la nature dans les carrières qui entourent notre ville, et comme réservée par elle pour les recherches et l’instruction des âges précédents ; chaque jour on découvre de nouveaux débris, chaque jour vient ajouter à notre étonnement, en nous démontrant de plus en plus, que rien de ce qui peuplait alors le sol de cette partie du globe n’a été conservé sur notre sol actuel, et ces preuves se multiplieront, sans doute, à mesure qu’on y mettra plus d’intérêt et qu’on y donnera plus d’attention. Il n’est pas un bloc de gypse, dans certaines couches, qui ne recèle des os. Combien de millions de ces os n’ont-ils pas déjà été détruits depuis qu’on exploite les carrières et que l’on emploie le gypse pour les bâtiments ! Combien n’échappent pas encore par leur petitesse à l’œil des ouvriers mêmes les plus attentifs à les recueillir ! On peut en juger par le morceau que je vais décrire. Les linéaments qui s’y trouvent imprimés sont si légers, qu’il faut y regarder de bien près pour les saisir ; et cependant que ces linéaments sont précieux ! Ils sont l’empreinte d’un animal dont nous ne retrouvons pas d’autre trace, d’un animal qui, enseveli peut-être depuis des centaines de siècles, reparaît aujourd’hui, pour la première fois, sous les yeux des naturalistes. »

Telles sont les remarques dont Cuvier fait précéder l’un des passages les plus-curieux de son livre, celui où l’ingénieuse sagacité du naturaliste se révèle dans toute sa profondeur, jointe à une simplicité si naturelle dans l’exposition, qu’on ne sait ce que l’on doit le plus admirer, de la délicatesse de la main, de la

  1. Recherches sur les ossements fossiles, vol. V, p. 508. (Éd. de 1834.)