Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/52

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gnait pour commencer le service de semaine : « Cela m’est égal, dit l’Empereur. » – « Mais enfin ? » – Eh bien ! prenez le blanc et le crépu. » Le crépu c’était M. le comte de Labriffe, le blanc c’était mon père, qui, très-blond dans son enfance, avait passé en peu d’années du blond au gris, du gris au blanc et n’en avait pas moins conservé une grande jeunesse de visage et de tournure. Ce contraste le faisait remarquer au premier abord. Au moment où il venait de faire cette fournée de chambellans, l’Empereur voulut ajouter, au plaisir de créer une nouvelle noblesse, le ragoût plus délicat d’accorder aussi des titres aux personnes de l’ancien régime. Comme il fallait d’ailleurs que toute grandeur émanât de lui seul, et qu’aucune distinction ne devait jamais remonter plus loin que son règne, il s’appliqua à bouleverser, là comme partout, les habitudes reçues. C’est ainsi que nombre de gens qui portaient le titre de Comte ou de Marquis avant la Révolution furent créés Barons. M. de Montmorency dont la femme était dame d’honneur de l’impératrice Marie-Louise, et qui aurait aimé à demeurer le premier baron chrétien, fut fait Comte. Ce fut le titre que l’Empereur donna à M. de Labriffe et à mon père. Ils l’avaient porté dans leur jeunesse et plusieurs se trouvèrent exceptionnellement dans le même cas. Au faubourg Saint-Germain on les appelait « les Comtes refaits ».

Les fonctions de chambellan mirent naturelle-