Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/7

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noinesses du chapitre de Remiremont en Lorraine. Pour entrer dans ce chapitre, il fallait, j’ai ouï dire, prouver trente-deux quartiers de noblesse dans les lignes paternelles, et autant dans les lignes maternelles, en tout soixante-quatre quartiers. Or, les d’Harcourt, pas plus que la maison royale de France, ce qui est assez bizarre, ne pouvaient, en 1789, remplir cette condition ; les Bourbons à cause du mariage de Henri IV avec une Médicis, et les d’Harcourt par suite de leur alliance avec les Louvois, le Maréchal Duc d’Harcourt ayant épousé en secondes noces Marie-Madeleine Letellier de Louvois Barbesieux. Mon grand-père, qui a été toute sa vie très-lié avec les membres de la famille d’Harcourt, disait plaisamment devant eux : « Nous étions des gens assez comme il faut avant que nous ne nous fussions alliés avec ces Harcourt qui nous ont fait fermer les portes de Remiremont. »

Mon père a toujours eu quelque penchant pour les distinctions honorifiques de l’ancien régime. Les institutions constitutionnelles de la Restauration lui ont plu surtout par leur côté aristocratique. Il faisait cas de la noblesse. Je l’ai entendu maintes fois comparer le mérite à l’unité et la noblesse au zéro. Le zéro sans unité, disait-il, n’a point de valeur ; mettez le zéro à côté de l’unité, et l’unité en vaut dix fois plus. Cette comparaison lui plaisait beaucoup. En famille, parlant de personnes entre lesquelles je n’aurais, pour mon