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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/22

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LA TRAHISON PUNIE,

D. GARCIE.

Beaucoup.Ceci ſera plus facile à comprendre.
Enfin de Leonor autant aimé qu’amant,
J’entre ſans lui déplaire en ſon appartement :
Et c’eſt une faveur où je puis ſeul prétendre.

D. ANDRÉ.

C’eſt donc-là le ſecret que vous vouliez m’apprendre ?

D. GARCIE.

Oui, je vous le confie, & j’oſe défier
Quiconque le ſçaura de l’oſer publier :
Et quoique mon amour ſoit ſçû de tout Valence
Sur mon bonheur de vous j’exige le ſilence.

D. ANDRÉ.

Ah ! je vous promets fort de n’en jamais parler.

D. GARCIE.

Ce n’eſt pas tout, ſongez à ne le point troubler,
Non que de vôtre amour j’apréhende les ſuites,
Car près de Leonor vos efforts, vos pourſuites,
Les ſoins qu’on vous a vû juſqu’ici vous donner,
N’ont produit d’autre effet que de la chagriner ;
Je ſens des mouvemens bien plus violens qu’elle :
Mais après le ſecret qu’ici je vous revele…
Vous êtes galant homme, & j’oſe me flâter
Que vous m’empêcherez de les faire éclater,
Vous avez peu d’amour, la faveur n’eſt pas grande,
Leonor vous en prie, & je vous le demande.

FABRICE éloigné.

Mais il parle raiſon, & j’en ſuis fort content,
Plût au Ciel que mon maître en pût avoir autant.

D. GARCIE.

Vous rêvez, ſe peut-il qu’un noble cœur héſite
À prendre un parti juſte, à changer de conduite ?
Je m’en vais ſans réponſe, elle ſera je croi
Telle qu’en pareil cas je vous la ferois moi.