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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/24

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LA TRAHISON PUNIE,

D. ANDRÉ.

De ſa sœur ? D. Garcie eſt frere d’Iſabelle,
Et ſans l’aimer tu ſçais que je ſuis aimé d’elle.

FABRICE.

Oüi, tout l’Été dernier je ſçai que vous faiſiez
À peu prés, comme ſi tous deux vous vous aimiez.

D. ANDRÉ.

Rien moins ; c’eſt de ma part amuſement, ſottiſe.

FABRICE.

Peut-être de la ſienne auſſi.

D. ANDRÉ.

Peut-être de la ſienne auſſi.Non, elle eſt priſe
Tout de bon. J’en reçois des billets chaque jour,
Dont à d’autres beautez je ſçai faire ma cour.

FABRICE.

Que vous êtes, Monſieur, d’un joli caractére !
Mais quel eſt le plaiſir que vous pouvez vous faire
De voltiger ſans ceſſe & ſans réfléxion,
Sans plaiſir à coup ſûr, ſi c’eſt ſans paſſion ;
De pourſuivre à la fois la belle & la plus laide,
Qui du plus fort amour ſeroit un ſûr remede ;
Ou jeune, ou vieille, ou grande, ou petite, ou dondon.
Ou maigre, ou blonde, ou brune, enfin tout vous eſt bon ;
Les yeux grands, les petits, le long nez, la camuſe,
Tout vous plaît.

D. ANDRÉ.

Tout vous plaît. Rien ne plaît, mon enfant, tout amuſe.
Tout le cours de la vie eſt un amuſement,
Et rien n’amuſe enfin tant que le changement.
Pour ſe déſennuier d’une ſtupide belle,
On en trouve une alors laide & ſpirituelle.
Qu’une vieille fatigue avec ſa gravité,