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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/25

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COMÉDIE.

On prend un jeune objet plein de vivacité ;
Si je ſuis las de voir une taille géante,
Je rabaiſſe mon vol, & la naine me tente ;
Et lorſqu’on eſt outré de l’excez d’embonpoint,
Qu’il s’en offre une maigre, on ne la chaſſe point.
Je n’ai jamais le goût délicat ni malade,
Et la brune me plaît, quand la blonde eſt trop fade.

FABRICE.

Que c’eſt bien fait à vous ! l’heureux temperamment !
Mais ſi par cas fortuit, (car tout événement
Peut arriver,) ſi donc ſur quelque jalouſie,
Pere, amant, frere, époux vouloit par fantaiſie.
Se vanger d’un affront ou fait, ou prétendu…

D. ANDRÉ.

On ſe battroit, jamais ne me ſuis-je battu ?

FABRICE.

Mais vous n’avez jamais été tué… je penſe ?
Si vous l’étiez, Monſieur, quelque jour… patience…

D. ANDRÉ.

Je ceſſerois de vivre, & puiſqu’on eſt mortel,
Ne faut-il pas mourir une fois ?

FABRICE.

Ne faut-il pas mourir une fois ? Plût au Ciel !
Que pour être bien mort il falût mourir quatre
C’eſt alors qu’on pouroit hazarder de ſe battre.

D. ANDRÉ.

Le hazard n’eſt pas grand.

FABRICE.

Le hazard n’eſt pas grand.Non, mais pour l’éviter ;
D. Garcie eſt brave homme il faut le contenter.
Défions-nous de lui, Monſieur, il eſt allaigre,
Sa Maîtreſſe dondon, prenez-en quelque maigre,