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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/27

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COMÉDIE.

Quel ſujet me l’attire & quel ſoin vous amène ?

D. FÉLIX.

Je vous en inſtruirai, n’en ſoiez point en peine.
Vous connoiſſez mon nom, ma naiſſance & mon bien ;
D. André là-deſſus je ne vous dirai rien.

FABRICE écoutant.

Ce début me paroit très-fort ſemblable à l’autre :
Un peu moins vif pourtant.

D. FÉLIX.

Un peu moins vif pourtant.Quel objet eft le vôtre ?
Ignorez-vous combien les perſonnes de cœur
Tels que ie ſuis ſont tous délicats ſur l’honneur ?
Quand cet honneur ſur-tout regarde une famille.
Pour fruit de mon himen j’eus une ſeule fille ;
D. André, vous avez pour elle des deſſeins,
Vous ne m’en parlez point, & c’eſt dont je me plains.
Sur ſes pas en tous lieux vous cherchez à paroître.
Vous paſſez fort ſouvent la nuit ſous ſa fenêtre,
Près d’elle au cours, au Temple, on vous voit tous les jours,
Cela donne ſujet à de mauvais diſcours ;
Et quoique ſa vertu n’en ſouffre aucune tache,
Tout Valence en murmure, & c’eſt ce qui me fâche.
Et m’engage à venir vous dire doucement,
Qu’il me faut là deſſus un éclairciſſement.
Enfin à Leonor quand Don André s’adreſſe,
Il ne ſe flâte pas d’en faire une maîtreſſe,
Et ſi c’eſt ſon deſſein de lui donner ſa foi,
je crois qu’il eût déia dû s’adreſſer à moi.
Dans cette incertitude il eſt de ma prudence
De ſçavoir là-deſſus ce qu’il veut, ce qu’il penſe.

D. ANDRÉ.

Je vous ai, D. Félix, grande obligation,
De me choiſir ainſi par prédilection.
Je rends à Leonor des ſoins, je l’ai ſervie ;
Qu’ai-je fait en cela que n’ait fait D. Garcie.