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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/28

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LA TRAHISON PUNIE,

Et peut-être les ſiens ſont les moins mal reçüs…
Ne me faites point trop expliquer là deſſus…

D. FÉLIX.

Arrêtez, D. André, vôtre diſcours m’irrite,
Je connois D. Garcie, il n’eſt pas ſans mérite ;
Il aime Leonor, il l’a fait demander,
J’en conviens.

D. ANDRÉ.

J’en conviens.À ſes feux vous pouvez l’accorder.

D. FÉLIX.

L’accorder à ſes feux ! quelle erreur eſt la vôtre ?
Aprenez qu’elle n’eſt ni pour l’un ni pour l’autre,
Et qu’il vous faut ceſſer vos aſſiduitez,

D. ANDRÉ.

Oui, mon rival ceſſant les ſiennes.

D. FÉLIX.

Oui, mon rival ceſſant les ſiennes. Écoutez,
D. André, de chagrins n’outrez point ma vieilleſſe.
J’aime, vous le ſçavez ? ma fille avec tendreſſe,
Et quand je vous demande un éclairciſſement,
C’eſt que j’ai pris pour elle un autre engagement.
Un de mes bons amis pour ſon fils la demande,
Je l’attens de Madrid. Tout ce que j’aprehende,
C’eſt que ce Cavalier arrivant aujourd’hui,
Quelque bruit de vos feux ne vienne juſqu’à lui.
Tout le paſſé n’eſt rien, mais de fâcheuſes fuites
Naîtroient, ſi vous faiſiez de nouvelles pourſuites.
Comme vôtre deſſein n’eſt pas de l’épouſer,
Avec tranquillité laiſſez-m’en diſpoſer.

D. ANDRÉ.

À de telles raiſons, Seigneur, il faut ſouſcrire.
Vous-même preſcrivez comme il faut me conduire ;
Je ferai mon devoir après un tel aveu.

D. FÉLIX.

J’en prens vôtre parole & me retire ; adieu.