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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/29

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COMÉDIE.


Scène VIII.

D. ANDRÉ, FABRICE.
FABRICE.

POur la première fois vous voilà raiſonnable,
J’en fuis ravi, Monſieur, ou je me donne au diable.
Il croioit vous tenir & vous prendre au filet.

D. ANDRÉ.

Tu nous écoutois donc ?

FABRICE.

Tu nous écoutois donc ? Ne ſuis-je pas valet ?

D. ANDRÉ.

Me vouloir marier, moi ! la plaiſante idée !

FABRICE.

De bien plus doux objets vôtre ame eſt poſſedée ;
Le mariage, ſi, c’eſt un engagement,
Et vous ne voulez, vous, que de l’amuſement.

D. ANDRÉ.

Pour Leonor pourtant ma paſſion s’irrite,
Et plus on met d’obſtacle à ce que je médite…

FABRICE.

Hé ! ſi vous l’aimez tant, pourquoi ne pas oſet…

D. ANDRÉ.

D’accord, je l’aime aſſez pour ne pas l’épouſer.

FABRICE.

Mais vous avez promis.

D. ANDRÉ.

Mais vous avez promis.Les promeſſes de bouche
N’engagent point le cœur quand l’affaire le touche.
Je n’avois point encor aimé juſqu’à ce jour ;
Mais les difficultez me donnent de l’amour ;
Il faut tromper un pere, & deux rivaux enſemble.