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COMÉDIE.

D. JUAN.

Je viens m’y marier.

D. ANDRÉ.

Je viens m’y marier.Vous vous moquez, je penſe.

D. JUAN.

Je ne me moque point, cet hymen réſolu
Par mon pere, en mon cœur, eſt encor mieux conclu.

D. ANDRÉ.

Je vous plains cher ami, cet aveu diminuë
Le plaiſir que d’abord m’a donné vôtre vuë.

À Fabrice.

Il va ſe marier.

FABRICE.

Il va ſe marier.Fi, faites comme nous,
Ne vous engagez point, Monſieur, amuſez-vous.

D. ANDRÉ.

Peut-on changer ainſi d’humeur, de caractere ?
Vous qu’à l’hymen toûjours j’ai connu ſi contraire,
Qui juriez tant en Flandres, où je vous ai laiſſé,
Que jamais…

D. JUAN.

Que jamais…Pour l’hymen ce dégoût m’a paſſé,
Mon étoile le veut, mon pere le ſouhaite.

D. ANDRÉ.

Vôtre étoile, morbleu, dites vôtre comète,
C’eſt un aſtre malin qui vous conduit ici.

D. JUAN.

Aſtre malin, comète, étoile, m’y voici.

D. ANDRÉ.

J’en fuis fâché. La Dame aparemment eſt belle ?

D. JUAN.

Si vous voulez tantôt m’accompagner chez elle,
Vous pourrez en juger. Arrive d’hier au ſoir,
J’ai juſqu’à ce moment differé de la voir :
C’eſt à vous que je rends ma premiere viſite,
Les devoirs d’amitié ſont ceux dont je m’acquite
Par préférence à tout.