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LA TRAHISON PUNIE,
ISABELLE.
À deux cœurs bien unis manque-t’il quelque choſe ?
LÉONOR.
Tout, quand un pere injuſte à leur bonheur s’opoſe.
ISABELLE.
Le vôtre ſe ſert-il de ſes droits contre vous ?
LÉONOR.
Sans conſulter mon cœur il me donne un Époux ;
ISABELLE.
Ah Ciel ! s’il eſt ainſi, que deviendra mon frere ?
LÉONOR.
Que deviendrai je, helas ! moi-même,
ISABELLE.
Et quel eſt cet Époux ?
LÉONOR.
Er de mon père même il n’eſt pas fort connu,
Le ſien par ſes amis a propoſé la choſe,
Et ſans me conſulter le mien de moi diſpoſe.
ISABELLE.
Cela paroît biſarre.
LÉONOR.
Et lui-même il me l’a déclaré ce matin,
Après un long diſcours, fatiguant, inutile…
ISABELLE.
Le ſtile d’un vieillard eſft un ennuieux ſtile.
LÉONOR.
Je prétens, m’a-t’il dit, prendre un gendre à mon gré.
ISABELLE.
Qu’avez-vous répondu ?
LÉONOR.
Rien du tout : j’ai pleuré.