Aller au contenu

Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
LA TRAHISON PUNIE,

ISABELLE.

À deux cœurs bien unis manque-t’il quelque choſe ?

LÉONOR.

Tout, quand un pere injuſte à leur bonheur s’opoſe.

ISABELLE.

Le vôtre ſe ſert-il de ſes droits contre vous ?

LÉONOR.

Sans conſulter mon cœur il me donne un Époux ;

ISABELLE.

Ah Ciel ! s’il eſt ainſi, que deviendra mon frere ?

LÉONOR.

Que deviendrai je, helas ! moi-même,

ISABELLE.

Que deviendrai je, helas ! moi-même,Comment faire ?
Et quel eſt cet Époux ?

LÉONOR.

Et quel eſt cet Époux ? Je ne l’ai jamais vû,
Er de mon père même il n’eſt pas fort connu,
Le ſien par ſes amis a propoſé la choſe,
Et ſans me conſulter le mien de moi diſpoſe.

ISABELLE.

Cela paroît biſarre.

LÉONOR.

Cela paroît biſarre.Il n’eſt rien plus certain,
Et lui-même il me l’a déclaré ce matin,
Après un long diſcours, fatiguant, inutile…

ISABELLE.

Le ſtile d’un vieillard eſft un ennuieux ſtile.

LÉONOR.

Je prétens, m’a-t’il dit, prendre un gendre à mon gré.

ISABELLE.

Qu’avez-vous répondu ?

LÉONOR.

Qu’avez-vous répondu ? Rien du tout : j’ai pleuré.