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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/35

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COMÉDIE.

ISABELLE.

Mais il falloit du moins lui donner à connoître
Des ſentimens du cœur qu’on n’eſt ſouvent pas maître,
Et que quelque projet que le ſien eût conçû…

LÉONOR.

Des mouvemens du mien il s’eſt bien aperçû.

ISABELLE.

Ah ! vous deviez ſaiſir ce moment pour lui dire..

LÉONOR.

Pour me deſeſperer à la fois tout conſpire,
Mon pere aparemment pénétré de mes pleurs,
Mon cœur eſt, m’a-t’il dit, ſenſible à vos douleurs ;
Je ſçai que D. André vous rend des ſoins, ma fille,

ISABELLE.

D. André !

LÉONOR.

D. André ! Attendez. Je connois ſa famille,
(A-t’il continué) ſi ſon feu vous eſt doux,
Je le préfère à l’autre, & j’en fais vôtre Époux,

ISABELLE.

Vous aimez D. André ?

LÉONOR.

Vous aimez D. André ? Qui moi ! je le déteſte.

ISABELLE.

Et lui vous aime !

LÉONOR.

Et lui vous aime ! Amour malheureux & funeſte.

ISABELLE.

Mais enfin qui vous fait ſoupçonner cet amour ?

LÉONOR.

Les importunitez qu’il me fait chaque jour ;
Elles ont éclaté juſqu’auz yeux de mon pere.

ISABELLE.

Il ne voit pas bien clair, vous vous trompez, ma chere :
Depuis plus de trois mois, D. André ſous ma loi,