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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/93

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COMÉDIE.

Preſque ſans dire mot, part, ſe met en campagne,
Croiez-vous que cela ſoit fort divertiſſant ?

LÉONOR.

Si vous ſçaviez l’ennui que mon ame reſſent,
Mon pere ?

D. FÉLIX.

Mon pere ? Mais, ma fille en eſt ce là la cauſe ?
Car je crains très-fort, moi, que ce ſoit autre choſe.

JACINTE.

Autre choſe, Monſieur, en conſcience, non.

D. FÉLIX.

Si ce n’eſt que cela, tranquiliſez-vous donc.

JACINTE.

Hé de moien, de grace ? il eſt bien difficile,
Quand on attend ſûr tout, Monſieur, d’être tranquille.
Ne nous condamnez point.

D. FÉLIX.

Ne nuus condamnez point.D. Juan ne part pas.
Son pere eſt mort.

JACINTE.

Son pere eſt mort.Comment ſon pere eſt mort, helas ?
Aiez égard, Monſieur, à ce fatal préſage ?
Quel tems, quel triſte tems pour faire un mariage ?
Rompez, que D. Juan, Madame, déſormais
Aille pleurer ſon pere, & qu’il nous laiſſe en paix.

D. FÉLIX.

Écoute, mon enfant, j’entens la raillerie.
Et m’accommode peu de ta plaiſanterie.
Ça, ma fille, parlons plus ſérieuſement,
Quel bruit ſe paſſa hier dans vôtre apartement ?
D. Juan, je ne ſçai pourquoi, m’en fait myſtere ;
Mais enfin les valets qui parlent d’ordinaire…

LÉONOR.

Quoi, D. Juan ?