Page:Dante - La Divine Comédie, Le Purgatoire, trad. Ratisbonne, 1865.djvu/38

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Tout là-bas, à l'entour de cette petite île,
Dans l'anse que vient battre une mer indocile,
Sur le sol détrempé croissent des joncs unis.

Aucun autre arbrisseau ne peut sur cette plage
Pousser ni se durcir, ni porter de feuillage ;
Car au choc de la vague il ne saurait plier.

Puis ne revenez point par cette même route ;
Le soleil qui surgit vous montrera sans doute
Pour gravir la montagne un commode sentier. »

Il disparut. Et moi, me levant eu silence.
Je me range à côté de mon guide, et j’avance
En attachant sur lui mon regard confiant.

Il me dit : « Mon cher fils, suis mes pas et courage !
Mais rebroussons chemin : de ce côté la plage
Jusqu’au bord de la mer va toujours déclinant. »

Déjà devant les feux de l’aube triomphale
Fuyait le char obscur de l’heure matinale.
Et je voyais la mer trembler dans le lointain.

Nous allions au travers de la vaste étendue
Comme un homme qui cherche une route perdue,
Et longtemps sans l’atteindre il croit marcher en vain.

Venus dans un endroit où les pleurs de l’Aurore
Luttent contre l’ardeur du jour qui les dévore
Et par l’ombre abrités sèchent plus lentement,

Sur l’herbe humide encor, dont la terre est couverte.
Mon maître doucement posa sa main ouverte :
Je le vis, et soudain compris son mouvement.