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INTRODUCTION.

« Romagne n’est ni ne fut jamais sans guerre dans le cœur de ses tyrans. »

Quelle tristesse dans ce seul mot ! et comme, du cœur de ces tyrans, on voit se déborder tous les maux sur cette contrée calamiteuse !

Après avoir avec plus de détails satisfait à la demande du damné, Dante, à son tour, lui en adresse une :

« Maintenant, je te prie de nous dire qui tu es ; ne sois pas plus dur que d’autres ne l’ont été, et que ton nom se conserve dans le monde ! »

Ici se déroule une des scènes les plus étranges, les plus terribles, les plus fantastiques. La haine du gibelin flétrit, à la fois, et le fourbe auquel il fait raconter ses honteux méfaits, et le pape qui le poussa dans l’infernal abîme. Il y a des moments où l’on croît entendre le sifflement du fer rouge appliqué sur le front du pontife prévaricateur.

Dante a cru complaire à Gui de Montefeltro en souhaitant que son nom se conserve dans le monde. Le réprouvé le détrompe, et, sans y songer, dévoile ainsi lui-même son supplice secret, le sentiment de sa turpitude.

« Si je croyais répondre à quelqu’un qui dût jamais retourner dans le monde, cette flamme cesserait de se mouvoir ;

« Mais puisque jamais, si ce qu’on dit est vrai, nul