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INTRODUCTION.

mençait de parler, le pape s’étant aperçu à l’ouïe seulement de son acte respectueux :

« — Pourquoi, dit-il, ainsi te courbes-tu ? Et moi à lui : — Parce que m’en presse ma droite conscience, à cause de votre dignité.

« — Redresse tes jambes et lève-toi, frère ! répondit-il ; ne me trompe point : comme toi et comme les autres, d’une seule puissance je suis le serviteur[1]. »

Naguère l’orgueil des grandeurs humaines, à cette heure l’égalité de la tombe ; entre deux, quoi ? dans un instant insaisissable, un désir vide que rien n’a pu remplir.

« — Va maintenant, ajoute l’ombre, je ne veux pas que tu t’arrêtes davantage, car ta présence gêne le pleurer avec lequel je mûris ce que tu as dit. »

Ce mort a laissé sur la terre une famille illustre, riche, puissante : en quoi cela le touche-t-il ? De ceux qui furent ses proches, aucun ne lui est présentement de rien, aucun ne l’aidera, hors peut-être sa nièce Alagia ; bonne de soi, pourvu, dit-il, que l’exemple de notre maison ne la rende pas mauvaise.

« Elle seule m’est restée là[2]. »

Quelle tristesse dans ce mot simple, bref, qui ter-

  1. Purgat., ch XIX, terc. 43-45.
  2. Ibid., terc. 47 et 48.