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INTRODUCTION.

déchu de son premier état, de l’état d’innocence dans lequel Dieu l’avait créé, eût été à jamais séparé de lui, à jamais perdu si, par l’incarnation du Verbe et la rédemption de Jésus-Christ, il n’avait été gratuitement relevé de sa chute et rétabli en grâce avec le Créateur, dont le péché du premier Père, transmis à tous ses descendants, le rendait ennemi, sans aucun acte de sa volonté, dès qu’il commençait d’être. Mais, pour profiter du bienfait de la rédemption, il est nécessaire qu’il croie, d’une foi ferme et absolue, certaines vérités au-dessus de la raison et révélées surnaturellement, desquelles l’Église est dépositaire, qu’elle enseigne et qu’elle interprète avec une autorité infaillible ; d’où la maxime fondamentale : Hors de l’Église point de salut. La foi qu’elle exige sous peine de damnation éternelle est donc, dans les limites du dogme qu’elle commande de croire, la négation même de la liberté de la raison.

Mais ce dogme, en soi et par ce que contiennent les livres où il est consigné, livres sacrés comme la parole de Dieu même, embrasse de proche en proche, ou directement, ou par voie de conséquence, tout ce qui peut être l’objet de la pensée humaine. Que si l’on avoue en général qu’en dehors de la révélation il existe un ordre de choses dépendantes de la pure raison dont elles forment le domaine, on soutient aussi, et très logiquement, qu’il n’appartient qu’à l’Église seule de