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INTRODUCTION.

déterminer quelles sont ces choses livrées à la dispute des hommes, et qu’ainsi, quand l’Église a prononcé un jugement quelconque, il est certain dès lors que la chose jugée est de son ressort, et qu’une pleine soumission est due à son jugement. Ici donc encore, négation de la liberté, puisque l’esprit n’est libre qu’autant qu’on lui permet de l’être. Une autorité sans contrôle arrête la pensée là où, arbitrairement, elle veut qu’elle s’arrête. Comme le Créateur à la mer, elle lui dit : Tu viendras jusqu’ici, et n’iras pas au delà.

Ce n’est pas tout ; par l’ordre extérieur de son gouvernement, l’Église, de tous côtés, touche à la société politique et civile. Dans cette sphère elle ne réclame point le même genre d’infaillibilité que dans la sphère du dogme, mais elle réclame une obéissance en droit et en fait non moins entière, parce que, selon ce qu’elle oblige à croire, elle est, dans l’exercice de son pouvoir de gouvernement, également assistée, inspirée de l’Esprit saint ; sans quoi, faillible en sa conduite, abandonnée aux hasards de l’erreur, comment remplirait-elle sa fonction divine ? comment serait-elle sûre de sa durée ? Voilà donc l’homme lié dans ses actes comme dans ses croyances. Et alors que reste-t-il de libre en lui ? Une inexorable nécessité logique le condamne à cette servitude absolue ; car, dénouez un de ces liens, il échappe à l’autorité, il redevient maître