Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/112

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des beaux yeux qui ont coutume d’être pour les miens un si doux guide ? Je vois bien que tu permets et veux ma ruine ; tu trouveras de la douceur dans mes gémissements ; et je crains déjà beaucoup parce que je sens que, pour avoir un cri de moindre douleur, je voudrai mourir,… et ne trouve personne qui me fesse mourir.

O Mort, si tu ôtes la vie à cette noble Dame, dont l’éminent mérite montre à l’esprit la perfection que l’on voit en elle, tu répudies la vertu ; tu la défies ; tu provoques avec plaisir sa retraite ; tu détruis l’immense bienfait de la compassion ; tu anéantis la beauté qu’elle possède, laquelle brille au-dessus de toute autre, comme il convient à une chose apportant la lumière du ciel dans la créature qui en est digne ; tu romps et divises la si grande bonne foi de ce sincère Amour qui la dirige. Si tu fermes, 6 Mort, ses yeux si beaux, Amour pourra bien dire, en quelque lieu qu’il règne : « J’ai perdu mon (plus) beau fleuron ! »

O Mort, aie donc regret d’un mal aussi grand que celui qui va s’accomplir si Elle meurt, (d’un mal) le plus grand qu’on ait jamais éprouvé ! Détends ton arc, pour qu’il ne lance pas, chassée au loin par la corde, la flèche que, pour transpercer son cœur, tu y as déjà mise. Eh ! en ce moment, grâce, au nom de Dieu ! regarde ce que tu fais ; retiens un peu ton audace effrénée, qui déjà est mue par le désir de