Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/117

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(l’homme) comme s’ils avaient des ailes, et rompent n’importe quelle arme ; c’est pourquoi je ne suis pas à elle, et ne peux me secourir.

Je ne trouve pas de bouclier qu’elle ne me brise, ni de lieu qui me garantisse de sa vue ; mais de même que la fleur (tient le sommet) de la tige, de même Elle occupe le faîte de ma pensée. Mon mal est devenu si visible, que je suis comparable au vaisseau que l’onde de la mer ne soulève plus : le poids qui me submerge est tel, que mes rimes ne pourraient l’exprimer. O angoisseuse et impitoyable lime ! (toi) qui uses sourdement ma vie, que n’ai-je appréhendé que tu ne vinsses ainsi me ronger le cœur couche par couche, ce qui te donne de la force, comme à moi de le dire aux autres ?

Et le cœur me tremble davantage chaque fois que je pense à Elle, là où elle attire d’autres regards ; par crainte mon penser ne luit pas au dehors de manière à ce qu’il se découvre ; je ne fais plus (de cas) de la mort, qui me ronge déjà en tous sens avec les dents d’Amour ; dans ma pensée aussi ma force s’énerve, et mon œuvre languit. Elle (la mort) m’a couché à terre, et Amour se tient sur moi avec ce fer dont il fit périr Didon. Je l’implore (Amour) en criant merci, et le prie humblement, et il me semble mis au refus de toute pitié.

De temps à autre il lève la main et provoque ma faible vie, ce pervers qui me lient à terre étendu à