Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/118

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la renverse et brisé de toutes ces secousses : alors s’élève une tempête dans mon esprit ; le sang, dispersé par les veines, court en s’enfuyant vers le cœur qui l’appelle… ce dont je reste pâle. Il me frappe au-dessous du bras gauche avec une telle force, que la douleur m’en retentit dans le cœur. Alors je dis : « S’il frappe une autre ibis, la mort m’aura saisi avant que le coup soit tombé sur moi. »

Je voudrais lui voir fendre par le milieu le cœur de la cruelle qui met le mien en lambeaux ! Ensuite (la mort) ne me serait point hideuse, la mort où je me précipite par sa beauté, et qui, aussi bien au soleil que dans l’ombre, est larronnesse, odieuse et homicide. Hélas ! que n’est-elle, dans (quelque) ravin propice, assassine pour moi comme moi pour elle ! Je crierais aussitôt : « Je vous secours », et ferais volontiers comme elle ; je mettrais la main dans les blonds cheveux qu’Amour crêpe et dore pour me consumer, et alors je serais satisfait.

Si j’avais pris les blondes tresses qui sont devenues pour moi un fouet et une discipline, m’en emparant avant la troisième (heure), avec elles je passerais du soir jusqu’à l’Angelus du matin, et je n’aurais ni complaisance ni pitié ; je ferais plutôt comme l’ours quand il badine : et si Amour m’en frappait, je me vengerais plus qu’au centuple. Ses beaux yeux, d’où jaillissent les étincelles qui m’enflamment le cœur que je porte meurtri, je les regarderais