Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/128

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d’un autre côté, si bien que leur présence victorieuse ne se revoit plus une seule fois : d’où est restée triste mon àme, qui en attendait soulagement ; et maintenant elle voit comme mort le cœur dont elle était l’épouse, et il faut qu’elle se retire enflammée d’Amour.

Elle s’en va enamourée et en pleurant hors de cette vie, la désolée, (l’àme) que chasse Amour : elle s’éloigne d’ici avec tant de tristesse, qu’avant son départ son Créateur l’écoute avec compassion. Elle a fait retraite dans le milieu de mon cœur, avec cette vie qui demeure éteinte à ce point extrême, qu’elle m’abandonne. Dans ce (refuge) elle se plaint d’Amour, qui la chasse hors de ce monde ; et à chaque instant elle étreint les esprits qui versent des larmes continuelles, parce qu’ils perdent leur compagnie.

L’image de cette Dame siége encore dans mon esprit, où la déposa Amour, qui était son guide. Elle n’éprouve point de peine du mal qu’elle voit ; mais elle est à cette heure beaucoup plus belle que jamais, et elle me paraît beaucoup plus joyeuse, car ella- rit. Elle lève ses yeux homicides, et crie à celle (à l’âme) qui se plaint dans sa souffrance : «Va-t’en, malheureuse ! va-t’en désormais hors d’ici ! » Ce cri est le vœu qui me tourmente si fort, suivant son habitude. Cependant je commence à moins souffrir, parce que ma (force à) sentir devient beaucoup