Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CANZONE VI.

Combats d’Amour. Regrets de la pairie. (Ecrite du milieu de son exil,dans la Dalle Cajarina, territoire de Trente.)

Amour, — puisqu’il faut que je m’afflige parce que (ma) nation me hait et me montre dépouillé de toutes vertus,—donne-moi de savoir pleurer comme je le désire, de sorte que ma douleur, qui se dénoue, porte mes paroles comme je les sens. Tu veux que je meure, et je n’en suis point content ; mais qui me disculpera, si je ne sais dire ce que tu me fais éprouver ? Qui croira que je sois jamais si martyrisé ?… Mais si tu m’accordes d’exprimer tout ce que je souffre, fais, 6 mon Seigneur, que cette Cruelle ne puisse l’entendre de moi avant ma mort ; car si elle découvrait ce que je cache en dedans (de moi-même), la compassion rendrait moins beau son beau visage.

Je ne peux fuir (nulle part), qu’elle ne vienne aussitôt dans mon esprit ; mais ce n’est pas (seulement) comme une pensée qu’il (mon esprit) l’emporte : l’àme folle qui s’ingénie à son propre mal,— comme cette (Dame) est belle et cruelle, — donne